Le Bitcoin est-il fait pour les entreprises ?

 

Le Bitcoin est la plus importante des très nombreuses « monnaies » virtuelles utilisées sur internet. Il y en a en réalité plusieurs milliers ! Parmi celles-ci, on trouve l’Ether, le Ripple, le Litecoin, le Cardano, le Monero, etc.

Ce sont des « crypto-monnaies », parce que leurs échanges sont réalisés de manière chiffrée (cryptée).

Cette « monnaie » est elle faite pour les entreprises et les particuliers ? Valoxy, cabinet d’expertise comptable dans les Hauts de France, vous en dit plus.

Histoire

Le bitcoin a été créé en 2008 par Satoshi Nakamoto (un pseudo). Comme les autres crypto monnaies, il n’est pas contrôlé par une institution financière ou par un Etat. Seuls les membres du réseau le contrôlent, tous considérés comme égaux (pair à pair). Plus qu’une « simple » monnaie, c’est un « système d’échange numérique anonyme et décentralisé ». Il est ouvert (puisque les protocoles, les algorithmes et les programmes utilisés sont publics et open-source). Mais c’est aussi un actif financier, et une révolution technologique (1).

Combien vaut-il ?

Le Bitcoin n’a longtemps eu qu’une valeur de quelques dixièmes de cents. Il n’a atteint la valeur d’un dollar qu’en 2011. Valorisé mille dollars en Novembre 2013, il a atteint 19.511 $ en Décembre 2017. Il a ensuite perdu en quelques jours près de 50% de sa valeur. Le 27 Février 2020, il valait 8.100 euros. Plus de 50 000 € en Avril 2021, moins de 30 000 dollars à la fin du mois de juillet, et les montagnes russes ont repris en Octobre 2021, en frôlant les 66 000 $, son plus haut niveau à ce jour.

Les sites d’échanges sont aussi les sites de cotation. Ils permettent d’acheter (contre des euros) ou de vendre (contre la perte de votre anonymat) des bitcoins.

A quoi sert-il ? A qui sert-il ?

Prévu au départ comme une monnaie d’échange, le côté anonyme du Bitcoin est vite devenu sa première qualité. Il traine donc derrière lui une réputation sulfureuse de blanchiment, de marché noir et de « darknet ». Ces « qualités » le font entre autres apprécier des  fraudeurs (fiscaux) et des organisations criminelles. Ignoré jusqu’à présent des principaux acteurs de la finance internationale, il est devenu en 2017 un actif financier à part entière. Des instruments financiers ont été spécialement créés autour de lui et y sont maintenant adossés. Sa volatilité récente en fait un outil spéculatif. Cela pourrait s’avérer dangereux (« bulle spéculative », fluctuations importantes dues au manque de régulation, etc.).

Par ailleurs, la volonté de certains Etats de réguler le secteur des crypto- monnaies rend celui-ci nerveux. Certains souhaitent le combattre (Chine, Corée du Sud, Israël), en interdisant les plateformes d’échanges ou le minage. D’autres au contraire souhaitent le réguler, comme la France. D’autres enfin veulent le reconnaître, comme l’ont fait le Japon, l’Allemagne et l’Australie. Tout cela donne des signaux contradictoires au(x) marché(s) et accentue l’effet « montagnes russes » de la spéculation.

Le Bitcoin est-il une « vraie » monnaie » ?

Les puristes diront que ce n’est pas une vraie monnaie. En effet :

  • ce n’est pas une unité de compte, car son cours est trop volatil, et qu’il n’a pas de cours légal (ce n’est pas une « monnaie fiduciaire »).
  • ce n’est pas un réel intermédiaire dans les achats, car trop peu d’acteurs économiques l’acceptent. Le Bitcoin n’a donc pas de vraie « valeur d’usage »et, en ce sens, principalement, ce n’est pas une « vraie » monnaie.
  • ce n’est pas non plus une réserve de valeur, puisqu’il ne s’appuie pas sur la valeur intrinsèque d’une entreprise, la solidité financière d’un Etat, ni même sur une valeur refuge de type or.

Il serait donc préférable de parler de « crypto-actif » que de « crypto-monnaie ».

Certains états s’interrogent cependant ouvertement sur l’opportunité de créer leur propre « crypto-monnaie ». Ainsi pourraient-ils contrer la suprématie des principales monnaies, et notamment du dollar. S’agissant de motivations essentiellement politiques, on peut cependant douter de la réussite de telles entreprises.

Comment fonctionne-t-il ?

Un bitcoin, ce n’est pas une pièce de monnaie ou un billet de banque que l’on peut toucher, mais une entité virtuelle représentée par une série de chiffres, un codage informatique complexe et inviolable.

Contrairement à une banque centrale qui décide la création de monnaie pour des raisons politiques, économiques ou idéologiques, la création de bitcoin a été définie à l’avance : par convention, un bitcoin (ou une partie de bitcoin) est créé pour rémunérer la personne qui réalisera le codage d’une opération d’échange.

La première transaction d’un nouveau codage est donc un élément monétaire (bitcoin ou partie de bitcoin) qui sera crédité à son créateur. Par analogie avec les chercheurs d’or, qui ajoutaient progressivement de l’or en circulation grâce à leur effort dans la mine, ce « créateur-codeur », qui offre au système sa puissance de calcul et son temps est appelé un « mineur ».

De plus, il a été décidé arbitrairement à sa création que l’émission de bitcoins serait dégressive dans le temps, et ne dépasserait pas 21 millions d’unités, ce qui, en théorie, devrait éviter l’inflation et garantir en partie sa valeur. (D’autres « monnaies virtuelles » n’ont cependant pas ces mêmes règles)

Validation

Ainsi, pour valider une opération, celle ci doit être codée, puis découpée (hachée) en morceaux, en une chaîne « d’empreintes de preuves » de la transaction, nécessitant des calculs (pour son cryptage) complexes, réalisés par une communauté d’utilisateurs travaillant en réseau (les mineurs), et qui vérifient toutes les transactions, inscrites dans un immense « journal public des transactions », incrémenté à chaque nouvelle opération, ce qui évite également tout « double paiement. (2)

Un système cryptographique appelé « Proof of Work » (PoW) assure en principe la « régularité » des opérations. (3)

Garanties

Tout cela garantit, dans la pratique, un anonymat total, puisque les opérations, validées par des signatures numériques, s’appuient uniquement sur des preuves cryptographiques, et non sur la « confiance » dans un gendarme (forcément étatique et manipulateur).

De plus, l’anonymat est renforcé par le fait que les opérations se font directement entre deux parties, sans passer par un tiers (banque, garant, etc..)

Enfin,  ce système rend les opérations « irréversibles », (impossibles à annuler de manière informatique) ce qui renforce la « sureté » des opérations réalisées (l’acheteur ou le vendeur ne peut contester ultérieurement l’opération réalisée, quelqu’en soit le prétexte).

Afin de rendre la traçabilité des opérations encore plus difficile, chaque nouvelle opération est codée en même temps que plusieurs autres, et reprend tout ou partie de son propre historique, ce qui rend au fil du temps le codage de plus en plus lourd et complexe (d’où des puissances de calcul nécessaires au cryptage des bitcoins de plus en plus élevées).

Le Bitcoin est-il sécurisé ?

L’anonymat des transactions est garanti à 100%. Elles sont en effet éclatées entre des centaines d’opérateurs et d’ordinateurs différents (les noeuds) à travers le monde. Cette fameuse « blockchain » a jusqu’à présent été infaillible. Elle a garanti l’inviolabilité et l’inaltérabilité du bitcoin.

Il n’y a pas de faussaires, car la puissance de calcul nécéssaire pour insérer dans le système une équation « fausse », et la vérification permanente de toutes les opérations par l’ensemble de la chaîne empêche de fait le risque de fausse « crypto monnaie ». Ici, pas d’hologramme à copier, de filigrane à imiter, de polymère à reproduire : seul compte le numéro de l’opération, garanti par la fameuse « blockchain ». C’est peut être la fin des faux monnayeurs et autres « porteurs de valises ».

Quelle sont les faiblesses du Bitcoin?

La faiblesse du système pourrait être les « coffre-forts ». Les sites d’échanges y gardent les bitcoins. Ils ont régulièrement fait l’objet de hold-up… De même, le vol ou la perte de votre clé privée (l’équivalent de votre code de carte bancaire).

« Faible » capitalisation

Tant que la capitalisation en crypto-monnaie ne représente qu’une part modeste du PIB mondial (moins de 0,3% en Février 2018), et que leur offre ne dépasse pas la demande, le Bitcoin et les crypto-monnaies continueront d’attirer les investisseurs. Mais c’est leur rareté qui fait leur force et leur attrait aujourd’hui, et leur développement « non contrôlé » pourrait signifier leur chute.

Energivore

Compte tenu des puissances de calculs de plus en plus élevées nécessaires, la création de Bitcoin est très coûteuse en énergie.

Le coût du minage

Une opération de minage est de plus en plus complexe, et donc coûte de plus en plus cher (temps, énergie, puissance de calcul, etc.) ce qui éloigne de ce marché les échanges de faible valeur en Bitcoin.

Comment est imposé le bitcoin ?

Le Bitcoin est une unité de compte virtuelle, et donc, en théorie, les gains issus des échanges de bitcoins (lorsqu’ils ont été convertis en euros) sont imposables

  • en BNC s’il s’agit d’une activité occasionnelle,
  • ou en BIC s’il s’agit d’une activité régulière ou principale.

L’idée de soumettre les gains réalisés à partir des crypto monnaies à la « flat tax », comme les autres revenus financiers, fait cependant son chemin.

Le Bitcoin est aujourd’hui trop spéculatif pour être utilisé par les entreprises comme un moyen de paiement ou un actif. Cependant, s’il s’agit d’en étudier la technologie, si l’objectif est de créer une plateforme d’échange, ou si vous voulez vous lancer dans l’activité risquée de minage ou encore dans la spéculation, libre à vous d’investir en Bitcoins !

Pour en savoir plus sur les monnaies virtuelles, retrouvez également nos autres articles sur le blog Valoxy :

Notes

(1) révolution technologique

De nombreux acteurs, pas forcément financiers, s’intéressent aux avantages et perspectives techniques intéressantes (inviolabilité, sécurité, anonymat, etc) de la « blockchain » pour développer leurs propres plateformes d’échanges (financiers, matières premières, pétrole,  informations, etc.).

(2) Qu’est ce que le « double paiement » ?

En moyenne, on estime qu’une facture sur 1000 est payée 2 fois. A ces doubles paiements s’ajoutent d’autres types d’erreurs :

  • les avoirs non enregistrés (ou saisis en facture),
  • les acomptes non récupérés,
  • les erreurs de saisie sur les montants, etc.

Cumulés sur plusieurs années, tous ces montants « perdus » deviennent significatifs et peuvent atteindre 0,5%  des achats annuels. Compte tenu de la façon dont sont réalisés les codages des échanges avec le système de la « blockchain », ces inconvénients n’existent plus dans les systèmes d’échanges qui l’utilisent.

(3) La « régularité » des opérations du protocole PoW ne veut pas dire que les mineurs soient tous « honnêtes ». Les puissances de calcul nécessaires à la cryptographie des opérations sont de plus en plus importantes. Cela laisse de nombreux Etats penser qu’une partie importante de la communauté des mineurs est aux mains du crime organisé.

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