Qu’est-ce que l’économie collaborative ?

Qui n’a jamais entendu parler d’Airbnb, d’Uber, ou de BlaBlaCar ? Autant de start-up à succès qui témoignent de l’essor de l’économie collaborative. Elle constitue un nouveau modèle socio-économique.  Celui-ci repose sur la mutualisation de ressources diverses comme des biens (logement, voiture, etc.), des services (transport, stockage, etc.), ou des connaissances (traduction, enseignement, etc.). Ce modèle peut donner lieu à un échange monétaire (vente, location). Mais il accorde également une place importante à l’échange non-monétaire (don, volontariat, troc), qui la rend créatrice de lien social.

L’économie collaborative est très largement portée par les nouvelles  technologies. Celles-ci favorisent en effet les réseaux communautaires de consommateurs grâce à  des plateformes en ligne ou des applications dédiées. Rien ne semble pouvoir arrêter sa croissance, mais n’y a-t-il pas trop d’entraves à son bon fonctionnement ?

Valoxy, cabinet d’expertise-comptable dans les Hauts de France, analyse les succès apparents de ce modèle économique. L’article se penche ensuite sur les difficultés de sa mise en oeuvre. Il réfléchit enfin aux problématiques rencontrées par l’économie collaborative. Celle-ci devra les résoudre si elle veut continuer de se développer.

I L’économie collaborative est un franc succès (quand elle fonctionne !)

Pourquoi l’économie collaborative est-elle une idée aussi séduisante pour les citoyens d’aujourd’hui ? Tout d’abord,  parce qu’elle apparaît comme un jeu à somme positive. Toutes les formes d’économie collaborative sont organisées de façon à ce que chacune des parties de l’échange y trouve son compte, en gain de temps, en ressources, mais aussi  financièrement.

Prenons l’exemple de BlaBlaCar, pionnier du co-voiturage. La plateforme en ligne permet de mettre en relation des particuliers effectuant un même trajet. Ils s’accordent sur un prix (au kilomètre et par passager) qui allège les charges du conducteur grâce à sa rémunération, mais également celles des passagers par rapport à un autre moyen de transport (usage de son propre véhicule, coût du train etc.). Cet échange a également des retombées positives pour l’économie en général, et la communauté; dans ce cas précis, elles sont écologiques, puisque le nombre de véhicules circulant, comme les émissions polluantes, diminuent.

Les biens ne sont cependant pas les seuls objets d’échange concernés par l’économie collaborative. Elle permet aussi l’échange de services ou de compétences. Entre particuliers, on peut ainsi troquer des heures de plomberie contre des heures de dépannage informatique, sans échange monétaire supplémentaire.  En entreprise, il est possible de travailler dans des espaces de co-working, où des professionnels partagent compétences et savoir-faire, vecteurs de développement économique.

II En pratique, certains obstacles barrent la route à ce type d’initiative

Le concept d’économie collaborative est louable, et parfois même un véritable succès économique (et citoyen). Le tableau s’assombrit cependant quand il s’agit de sa mise en place concrète.

Intéressons-nous tout d’abord aux modalités pratiques. Le modèle économique de certaines plateformes repose sur l’usage temporaire de biens personnels tels qu’une voiture (Uber) ou un logement (Airbnb). On peut également citer le « free floating », un système de vélos en libre-service sans borne d’attache. La question est de savoir si tous les utilisateurs sont prêts à jouer franc-jeu.

L’implantation de Gobee.bike (start-up hongkongaise pionnière du free-floating) en France a par exemple été un échec retentissant : nombre de ses vélos ont fait l’objet d’actes de vandalisme ou de vol, étaient abandonnés un peu partout, ou encore étaient conservés à domicile par leurs utilisateurs, empêchant leur utilisation par d’autres. 60% des vélos auraient été endommagés en 4 mois d’activité, ce qui a entraîné le retrait de la société du marché français.

Comportements et sociologie

Le mauvais comportement de certains utilisateurs peut engendrer des coûts supplémentaires pour d’autres, ainsi que des conséquences négatives pour toute la collectivité. En l’occurrence, la dégradation de l’espace public (du fait de l’abandon des vélos dans la rue), une absence de service (pas de vélo disponible),  ou un coût supplémentaire (mobilisation des forces de polices  pour arrêter les contrevenants).

Des barrières sociologiques se dressent également sur le chemin de l’économie collaborative. En pratique, elle peut être inégalitaire, car tout le monde n’y a pas accès. La sociologue Monique Dagaud a pu dire de l’économie collaborative qu’elle demeurait relativement élitiste, et créait une scission entre ceux qui peuvent et/ou veulent y contribuer et ceux qui ne le peuvent et/ou veulent pas. Elle déclare que ce genre d’initiative est porté par des entrepreneurs, des innovateurs, issus de grandes écoles ou d’universités auxquelles tous n’ont pas accès. De plus, les porteurs de l’économie collaborative sont plongés dans le milieu extrêmement compétitif des start-up et des projets innovants, où il y a beaucoup d’appelés, mais très peu d’élus.

L’économie collaborative est donc, de ce point de vue, un jeu à somme nulle et non un jeu à somme positive. Certains sont en effet perdants (les start-up qui ne rencontrent pas le succès) ou ne veulent tout simplement pas y participer. L’économie collaborative induit un certain rapport au monde, à la consommation, à la compétitivité, auquel tout citoyen peut ne pas vouloir adhérer.

III Comment résoudre cette problématique et construire l’économie collaborative de demain ?

L’économie collaborative doit se développer en faisant en sorte qu’un nombre croissant d’utilisateurs potentiels puissent être touchés (directement ou indirectement) par ses retombées positives, et doit se doter de moyens adaptés pour réaliser cet objectif.

Aujourd’hui, notre économie n’est que faiblement engagée sur la voie de la « collaboration ». Trop peu de projets sont encore en effet  visibles, accessibles et véritablement « utiles » à l’ensemble de la communauté. Pourtant, son évolution est intéressante à plus d’un titre. Le marché mondial de l’économie collaborative a été chiffré à 15 milliards de dollars en 2015. Les estimations lui prédisent un taux de croissance annuelle de 36%, pour atteindre 335 milliards de dollars en 2025.

La France, avec 23%, occupe la deuxième place mondiale de ce marché, derrière les États Unis. Elle figure en tête du nombre d’utilisateurs de plateformes collaboratives en Europe, avec 36% d’utilisateurs.

Transparence et réglementation

En revanche, certaines évolutions se font attendre. Les plateformes de l’économie collaborative pèchent encore sur de nombreux points. Elles manquent   de transparence en ce qui concerne l’accessibilité, la confiance, la fiscalité, la sécurité, etc. Les plateformes collaboratives doivent devenir des prestataires fournissant un service de qualité. Elles doivent informer et accompagner leurs utilisateurs afin de les fidéliser, pour créer un réseau de confiance.

Le cadre juridique de l’économie collaborative reste aussi, pour une grande part à définir; c’est probablement l’élément le plus important pour qu’elle devienne un modèle économique viable. En matière de droit du travail, l’économie collaborative nécessite une intervention des pouvoirs publics. Il faut en évidemment attendre la mise en place d’un cadre beaucoup plus strict et règlementé. En effet, l’échange de biens et de services entre particuliers a créé une sorte « d’économie amateur ». Celle-ci se situe en marge du salariat « standard ». Des manques ou des excès peuvent émerger autour de la rémunération du travail fourni, des garanties réelles offertes en cas de manquement. La question de la « protection  juridique et sociale » de ce nouveau type d’emploi se pose également avec acuité pour les législateurs de demain.

Pour plus d’informations sur l ‘économie collaborative, retrouvez nos articles sur le blog de Valoxy :

économie collaborative

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